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Planète Rugby: Vous avez joué
plusieurs saisons en division professionnelle et vous
jouez désormais en division amateur. Pendant combien de
temps avez vous joué en équipe professionnelle ? Quel
âge aviez-vous quand vous avez commencé à être pro ?
Cyril COURIOL: J'ai quitté l' A S
Montferrand où j'ai joué de Minimes à Espoir et,
après une transition de 6 mois à Montluçon, mon club
actuel, je suis descendu à Bayonne. J'avais 22 ans.
J'ai commencé à l'Aviron Bayonnais en équipe réserve,
comme il se doit, et quelques mois plus tard, ma chance
m'a été donnée en équipe première. J'ai joué à
l'Aviron Bayonnais pendant 3 ans.
Planète Rugby: Qu'est-ce qui vous a
décidé à sauter le pas vers le professionnalisme ?
Cyril COURIOL: Je suis tout d'abord
descendu à Bayonne pour finir mes études, j'ai
fait mon DESS à la fac de Bayonne, tout en jouant à
titre 100% amateur à l'Aviron Bayonnais.
J'ai eû la chance de pouvoir jouer assez vite en équipe
première, et par la suite, en fin de saison, j'ai décidé
de rester à Bayonne pour jouer encore à ce niveau.
C'est, en fait, un défi, car j'ai longtemps joué à
l'ASM (10 ans) et je n'ai jamais eû la chance de porter
le maillot de l'équipe première. Etre sollicité en
fin de saison et se faire féliciter pour la saison passée,
s'entendre dire que le club est content de toi, c'est très
gratifiant.
Le fait de côtoyer le haut niveau est, je pense,
le rêve de tous les joueurs de rugby français.
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Cyril COURIOL
à l'Aviron Bayonnais, le 6 janvier 2001, pendant
le match RacingCF/Aviron Bayonnais (Paris, stade
Charlety). Victoire de Bayonne 23-22.
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Planète Rugby: Etiez-vous 100%
professionnel, ou étiez-vous pluriactif ? Si oui, quel
était votre emploi, et votre emploi vous permettait-il
d'avoir des horaires aménagés pour l'entraînement ?
Cyril COURIOL: Je n'étais pas 100% pro,
j'avais un boulot de commercial dans une imprimerie. C'étais
purement et simplement une occupation car de formation,
j'ai un DESS en biologie, environnement et gestion des écosystèmes
aquatiques.
J'ai toujours insisté auprès du club sur le fait que,
pendant 5 ans après le Bac, je me suis efforcé de faire
des études, et que je ne voulais pas faire UNIQUEMENT du
rugby: Je pense qu'il est important de garder un
contact avec la vie professionnelle. Mon emploi de
commercial me permettant d'aménager plutôt bien mes
horaires pour les entraînement entre 12 h et 14 h , les
séances de musculation et les entraînements qui débutaient
aux alentours de 18 h/18 h 30.
Planète Rugby: Vous étiez
pluriactif. Etait-ce une condition sine qua non, ou
auriez vous accepté d'être 100% pro ? Pourquoi ?
Cyril COURIOL: Je ne voulais pas faire
uniquement du rugby, d'une part pour ne pas perdre complètement
le contact avec la vie professionnelle, et d'autre part
car il m'est arrivé une grosse mésaventure lors
de ma dernière année junior: une rupture des ligaments
croisés du genou... blessure qui n'a pas été
diagnostiquée suffisamment vite, et qui m'a fait perdre
une saison entière.
Sans le soutien inconditionnel de l'un de mes entraîneurs,
je n'aurais jamais pu intégré le groupe espoir à l'ASM
(qui était, en quelque sorte, là aussi un groupe quasi-professionnel).
Il y en a, et je pense qu'il y aura de plus en plus de
blessures, car les choc et les contacts sont de plus
en plus violents, du fait du poids des joueurs qui
augmente avec le travail de musculation.
Je me suis toujours dit que si j'étais victime une
grosse blessure et que je ne pouvais plus jouer au rugby,
que serait ma vie sans un autre emploi ??? Mais ce
raisonnement n'engage que moi !!!
Planète Rugby: Qu'est-ce que vous
gardez comme meilleurs souvenirs de cette période :
Cyril COURIOL: Le meilleur souvenir de
cette période est notre demi-finale à Toulon, contre
Toulon, il y a deux ans (ndlr: demi-finale du championnat
de division 2 professionnelle entre le RC Toulonnais et
L'Aviron Bayonnais). Nous avions un groupe formidable,
une ambiance extraordinaire, le tout associé à un
rugby de très bon niveau: Le rêve pour n'importe quel
joueur.
Malheureusement, ce match a été une défaite et notre
belle aventure s'est terminé en demi finale. Dans les équipes
de haut niveau, la qualité de la préparation, les entraînements
qui nous poussent toujours à aller plus loin dans nos
limites, apportent un esprit de corps très important
et qui me laisse de très, très bons souvenirs.
Planète Rugby: Et vos pires
souvenirs ?
Cyril COURIOL: Cela s'est produit, l'an
dernier, quand l'Aviron a traversé une grosse crise
suite à une série de défaites, et que nous nous sommes
séparé de nos entraîneurs, qui étaient en place
depuis la saison d'avant (ceux avec qui nous avons fait
la demi-finale, Francis LETA et Pierre NOVION). Le club
tout entier était en ébullition. Certains joueurs
avaient été consultés (et d'autres non) sur les
mesures à prendre.
Nous avions des bruits de couloirs qui nous annonçaient
des départs , des arrivées, en bref une très longue période
de doute (qui n'a, en réalité, duré que 15 jours) mais
une pression très importante...
Ensuite l'arrivée de Pierre BOUISSET, qui est un homme
très exigeant et avec qui, à force de travail, nous
avons réussi à remonter la pente. Ces départs et
cette arrivée, ont créé un électrochoc pour
l'ensemble des joueurs qui nous a permis de repartir du
bon pied.
Planète Rugby: Faisiez-vous partie
de Provale, le syndicat des joueurs pros ? Estimez-vous
que les droits du joueur pro a progressé entre votre
arrivée dans le monde pro, et votre départ ? Pensez-vous
que dans ce domaine, la contribution d'un syndicat de
joueurs a été déterminant ?
Cyril COURIOL: Je ne faisais pas partie
de PROVALE, car ils ne se sont approchés de la PRO D2
qu'il y a peu de temps. Le syndicat des joueurs à
actuellement assez peu de pouvoir, mais il est
important que les joueurs pro aient un soutien extérieur
à leur club (et autre que le agent), pour les aider en
cas de conflit avec le club. Les droits des joueurs pro
sont définis dans leurs contrats avec les clubs, le
syndicat n'a pas réellement de pouvoir.
Planète Rugby: A votre avis, quelles
devraient être les axes d'évolution du statut du joueur
pro : (ex : Meilleur suivi médical, accompagnement
social, etc..).
Cyril COURIOL: Du point de vue du suivi
médical, les pro sont très bien encadrés. Le grand axe
sur lequel les clubs doivent évoluer, cest la réinsertion
des joueurs après leur vie sportive. Cest pour
un grand nombre de joueurs un axe important de préoccupation,
mais pas pour les clubs.
Planète Rugby: Qu'est-ce qui vous a
amené à quitter le rugby pro ?
Cyril COURIOL: Jai décidé de
quitter le rugby pro, car je pense que je devais
assurer un avenir pour mon fils, Imanol, qui est né
très récemment. Jai donc demandé à mon club (ndlr:
l'Aviron Bayonnais) de maider à trouver un travail
en rapport avec ma formation. Malheureusement, ils nont
pas réussi, la seule solution qui apparaîssait
alors pour pouvoir lier le rugby dun niveau correct
et le travail, était de partir pour un club amateur.
Ayant déjà joué au stade Montluçonnais, et au vu des
ambitions du club, jai décidé de venir en fédérale
2. Mais le club à nettement la volonté et les moyens de
monter en Fédérale 1, qui est "lélite
amateur". Mon envie du haut niveau est toujours
intacte, mais je pense que lon est encore
meilleur sur le terrain quand on na pas à se poser
de questions sur son avenir professionnel (du moins
le moins possible).
Planète Rugby: Pourquoi avez-vous
signé dans un club amateur de niveau inférieur, et ne
pas avoir carrément refermé la page Rugby ?
Cyril COURIOL: Comme je le dis dans la
question précédente, lenvie de jouer est
toujours intacte, et cest un très beau
challenge que ma proposé le stade montluçonnais.
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Cyril COURIOL
au Stade Montluçonnais, le 17
novembre 2002, pendant le match Stade Montluçonnais-
CSM Clamart.
Victoire de Montluçon 16 à 9. Montluçon est,
à ce jour, premier de sa poule.
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Planète Rugby: En tant que joueur
venant d'un club pro : Avez-vous le sentiment que vous
vous devez d'être exemplaire vis à vis de vos nouveaux
camarades, ou qu'on vous présente à eux comme tel ?
Cyril COURIOL: Evidemment. Jai la
chance d'être capitaine de cette équipe. Le président,
lentraîneur et les joueurs ont une grande
confiance en moi et je ne peut pas les décevoir. Jessaie
autant que possible de conseiller le club sur les
évolutions quils doivent apporter aux
infrastructures, pour pouvoir passer à la vitesse supérieure.
Dautre part, jéchange énormément avec Jean
Jacques BOS, notre entraîneur, pour tout ce qui concerne
les entraînements, la récupération
En bref, jessaie
de partager mon expérience du haut niveau avec
mes nouveaux partenaires.
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Cyril COURIOL
dans son rôle de capitaine du Stade
Montluçonnais, donne ses directives à
ses camarades. 17/11/2002, match Stade Montluçonnais
- CSM Clamart.
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Planète Rugby: Pensez-vous que votre
expérience peut apporter à votre nouveau club, ou les
contextes sont-ils trop différents ? Dans quel domaine
pensez-vous apporter quelquechose ?
Cyril COURIOL: Certes, le contexte na
rien à voir, mais il semble que tous les clubs qui
veulent aller vers le niveau supérieur doivent sinspirer
des clubs pros, pour beaucoup :
- La vidéo qui va permettre danalyser des séquences
de jeu qui posent problème, ou de voir de plus prés les
défauts et les atouts de son équipe ;
- Le suivi médical pour aider les joueurs à récupérer
et à optimiser leurs performances.
-La préparation des match, la gestion des périodes deffort
et de récupération, lintégration de la
musculation dans les semaines dentraînement et de
travail, le contact entre les partenaires et les joueurs
Mais je pense quavant tout, ce que je peux apporter
sur le terrain est, que ce soit par mes performances qui
ne peuvent pas être toujours parfaites, mais surtout par
la confiance et lassurance que je peut
apporter à mes partenaires...et cela, que je fasse de
bonnes ou de mauvaises prestations.
Jessaie toujours de faire de mon mieux et je
pense que quand je naurai plus envie de donner le
meilleur de moi-même, il sera alors lheure de
raccrocher les crampons.
Planète Rugby: Avez-vous le
sentiment qu'on attend plus de vous que des autres
joueurs ?
Cyril COURIOL: Bien sur. Je pense que
s'ils (ndlr: les dirigeants du Stade Montluçonnais) ont
choisi de me recruter et, en plus, de me nommer
capitaine, ils sont en droit dattendre de moi
que je montre le chemin aux autres joueurs et que je
donne toujours le meilleur de moi même. En bref, il
faut toujours être au top
Planète Rugby: Qu'est-ce qui vous a
principalement paru différent : (Ex : entraînements
moins soutenus, suivi médical moins adéquat, structures
moins lourdes, joueur moins materné, aspect plus festif).
Cyril COURIOL: Tous les éléments que
tu cites me sont apparus et, pendant les premières
semaines, jai eû beaucoup de mal à trouver mes
marques dans ce nouvel environnement. Une fois de plus,
le club a montré sa volonté de grandir et ma
beaucoup questionné sur les aménagements à faire pour
tendre vers le haut niveau (avec des possibilités différentes).
En effet les clubs amateurs doivent prendre en compte de
nombreux aspects de la vie des joueurs, qui ne sont pas
tous conscients de linvestissement personnel que
demande le haut niveau.
Planète Rugby: Avez vous conservé
un rythme d'entraînement soutenu ?
Cyril COURIOL: Comme je te lai dit
ci-dessus, jai eû un peu de mal à trouver mes
marques les premiers temps, mais jai gardé de
bonnes habitudes, notamment au niveau de lalimentation
et je suis en train de reprendre la musculation, ce qui
me fait bien plaisir. Certains joueurs ont eux aussi intégré
2 séances dentraînement supplémentaires dans la
semaine.
Planète Rugby: Vous intéressez-vous
toujours au parcours de votre ancienne équipe ?
Cyril COURIOL: Je suis toujours de très
prés lAviron Bayonnais. Et si je ne suis pas au
courant dun de leur résultats, je sais que mes coéquipiers
du stade montluçonnais, eux, sont au courant !! En fait,
il y a maintenant de nouveaux supporters Bayonnais en
Auvergne.
Planète Rugby: Allez-vous voir ses
matchs ?
Cyril COURIOL: Pas souvent, vu la
distance !!!. Mais je suis quand même allé les voir
pour leur match contre Aurillac, et jespère
pouvoir aller les voir jouer quand ils viendront vers
chez moi (Brive ou peut-être même Lyon).
Planète Rugby: Avez vous gardé des
contacts avec d'anciens camarades ? Les voyez-vous de
temps en temps ?
Cyril COURIOL: Je suis assez régulièrement
au téléphone avec eux, ainsi quavec mon ancien
entraîneur, mais malheureusement je nai pas
encore eù loccasion de les revoir.
Planète Rugby: Avez-vous quelque-chose
à ajouter ?
Cyril COURIOL: Merci de mavoir
donné la parole et à bientôt. AUPA BAIONA! (ndlr:
Traduction du Basque: Allez Bayonne !).
Propos recueillis par e-mail par Philippe Morin , le 13 décembre
2002.
Planète Rugby 2002
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