Les interviews Planète Rugby

"Continuer ma passion: Entraîner, avant toute chose."

Jean-Louis Luneau
Né le 24 Janvier 1952.

Ancien entraineur de la Section Paloise et de l'US Dax


Propos recueillis par téléphone le 16 février 2002 par
Philippe MORIN -Planète Rugby


 


Jean-Louis Luneau a porté, comme joueur en deuxième et troisième ligne, les couleurs de l'Aviron Bayonnais et de St Jean de Luz.

Aprés avoir entrainé, en compagnie de Francis Léta, la Section Paloise et avoir accompagné le club béarnais jusqu'aux sommets du championnat, il a passé quatre saisons à l'
US Dax comme entraineur, en compagnie de Jean-Philippe Coyola.

Les mauvais résultats du club Landais dans le top 16 ont amené Jean-Louis Luneau et la direction du club dacquois de voir ce grand entraîneur s'éloigner du club en fin d'année 2001.

Il nous donne de ses nouvelles, et évoque les difficultés de la tâche qui fût la sienne.

 


 
Planète Rugby:

Que devenez-vous, depuis que vous n'êtes plus l'entraineur de l'
US Dax, et quels sont vos projets ?

Jean-Louis Luneau:

"Depuis que je ne suis plus à
Dax, je me suis reposé, je me suis ressourcé.

Là, pour l'instant, par amitié, je donne un petit coup de main à l'AS Bayonne (NdlR: Champion de France 2001 Nationale 3), une petit club que je connais bien, et dont je suis trés ami avec le président. Pour éviter de me ramollir, au niveau du Rugby. Je leur donne un petit coup de main, en toute amitié.

Et puis, bien sûr, je suis en contact avec des clubs avec lesquels je vais commencer à être en discussion.
Il y a pas mal de choses qui m'arrivent, même à l'étranger. Donc, j'aurai bientôt des décisions importantes à prendre.

Je suis content, quelquepart, d'avoir ces contacts qui me permettront, je l'espère,
de continuer ma passion: Entrainer avant toute chose. Cela se passe donc relativement bien pour moi.

J'ai des contacts avec Francis Léta (Ndlr: Anciens joueurs de l'Aviron Bayonnais, Francis Leta et Jean-Louis Luneau fûrent, ensemble entraineurs de la Section Paloise à une époque qui vit ce club gravir les sommets du championnat. Francis Léta fût recemment limogé de son poste d'entraîneur de l'Aviron Bayonnais Rugby Pro). Je vois Francis, et surtout, on s'appelle. C'est vrai qu'on parle souvent de rugby, et de projets qu'on aura peut-être ensemble...Tout ça est à réfléchir.

Francis Léta a fait profiter l'Aviron Bayonnais de l'expérience que nous avons connu ensemble à Pau, et qu'il a ensuite connu à Brive. C'est vrai que, quand on descend un peu dans des clubs qui ne connaîssent pas une vraie structure professionnelle, c'est différent.

C'était important qu'il ait pu mettre cela en place. C'est ce qu'il a fait à L'Aviron. Bon, il n'a pas pu continuer, mais ce sont des choses que sont maintenant incontournables.

Tous les joueurs de haut niveau ne viennent pas des clubs de haut niveau. Je crois qu'on a tout intêret à parler, à soigner, à faire de la formation, car c'est dans cette masse que l'on va tirer ceux qui feront l'élite.

Je pense qu'au niveau de la formation, il y a un travail énorme à faire: formation mentale, formation physique. Préparer le jeune à ce qu'il va découvrir dans le haut niveau. Qu'il ne soit pas traumatisé par ce qui va se passer "en haut", au niveau de la charge de travail que l'on va lui demander.

Souvent, il y a des jeunes qui passent de trois à huit entraînements par semaine, et ils "explosent". On ne les a pas préparé. Et des joueurs de qualité! C'est trés dangereux. Ca peut aussi, quelquepart, les dégouter de ce qu'est le sport de haut niveau.

Par rapport à des équipes à gros budget, la différence avec des clubs comme
Dax ne se fait pas dans la densité ou la qualité des entrainements: La différence se fait au niveau de la qualité de l'effectif. Maintenant, que ce soit à Dax, à Béziers ou à Toulouse, je crois qu'on s'entraîne autant, et aussi bien. Maintenant, la différence se fait au niveau des moyens.

C'est ce qui s'est passé à
Dax:
On attendait un gros sponsor qui n'est pas arrivé, on n'a pas pu garder les joueurs qu'on voulait garder, on n'a pas pu contacter les joueurs qu'on voulait, et à partir de là, on s'est rendus compte que cela allait être trés compliqué. Quand on à un budget de 20 millions de francs (environ 3 milloins d'€), comme l'an denier, et qu'on se retrouve cette saison avec un budget qui n'évolue pas, c'est reculer.

La différence se fait là. Car c'est difficile de gérer un groupe trés restreint. Et un groupe hétéroclite au niveau de la valeur: Il y en a de bons, il y en a de moins bons. Certains n'ont pas le niveau pour jouer dans l'élite, mais il faut faire avec...

Alors c'est enrichissant, quand on est entraineur, parce qu'il faut toujours être pointu, être au fait de l'actualité, mais la marge de manoeuvre est trés réduite. C'est trés interessant, mais c'est trés usant. Quand il y a des résultats, bon, on peut laisser passer des choses...

A
Dax, le public est trés exigeant, et puis, ils n'encouragent pas trop leur équipe.
On peut être exigeant, mais on peut aussi être derrière son équipe, vociférer aprés l'arbitre ou l'équipe adverse...Mais là, ce n'est pas trop le cas. Comme on dit, c'est plus un public de corrida que de Rugby, attaché à son équipe malgré les lacunes. Peu importe les bétises, on est derrière. Et ca, on peut le regretter, mais c'est comme ça..."

Propos recueillis par téléphone le 16 février 2002 par Philippe MORIN -Planète Rugby

 

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