Les interviews Planète Rugby

"Que 2002 soit l'année des récompenses..."

Fabrice Landreau

(Stade Français CASG Rugby)

Lundi 17 décembre 2001.
Propos recueuillis par téléphone
par Philippe MORIN - Planète Rugby


 


Fabrice Landreau

Né à Niort le 1er Aout 1968. 1,78m, 100 kg.

Talonneur

International

Fabrice Landreau est l'un des joueurs emblématiques du Stade Francais CASG Rugby. Son talent à son poste de talonneur l'a amené aux avant-postes de la mélée du XV de France, tandis que ses qualités de leader et de meneur d'hommes l'ont amené à assurer l'interim comme entraineur-joueur, au cours de la saison 1999-2000, où l'équipe 1 de son club s'est retrouvée sans entraîneur.

 


 
Planète Rugby:
Vous avez été blessé recemment. Comment allez-vous ?

Fabrice Landreau:
J'ai eù une rupture partielle de tendon d'Achille, ou plus exactement une micro-fissure, détectée aprés le match contre Toulouse. Cela m'a éloigné des terrains pendant environ dix semaines, et me voici cliniquement guéri ce jour dix-sept décembre.

Je vais vraisemblablement reprendre l'entraînement avec toute l'équipe début janvier 2002. Je vais d'abord avoir un programme d'entrainement individualisé, afin de rattrapper le temps perdu. Donc, un retour prévu sur les terrains fin janvier, vraisemblablement sur le banc des remplaçants face aux Wasps.

Planète Rugby:
Alors que nous ne sommes plus qu'à un match avant la trève de fin d'année, comment allez vous aborder la suite de la saison ?

Fabrice Landreau:
La première chose, c'est de retrouver des victoires, car il est vrai qu'actuellement, nous sommes un peu en panne de victoires. Maintenant, le moral des troupes est assez bon. L'état d'esprit est bon, d'autant plus que toute la petite polémique qu'il y avait eû autour de l'arrivée de Nick Mallett comme futur entraineur s'est enfin calmée. A cet égard, tout est rentré dans l'ordre, et tout est trés clair. L'équipe continue donc à travailler: Elle met en place son projet de jeu, et elle a quasiment récupéré tous ses joueurs, puisque Christophe Moni rentrera, lui aussi, en janvier...

Le Stade Francais aura alors récupéré tous ses éléments, et l'objectif sera alors, bien sûr, de gagner un maximum de matches, afin de se rapprocher au maximum des premières places...Nous avons fait un petit bilan: Les objectifs, à court terme, c'est d'abord de battre Montauban jeudi prochain, et, bien évidemment, de battre Biarritz quand le match reporté pour cause de terrain gelé samedi dernier pourra être joué pour de bon. Et puis, il faudra aller chercher une victoire à Dax, et, peut être, à Béziers, même si Béziers a fait l'exploit (Ndlr: la veille de l'interview, Béziers a vaincu le Stade Toulousain à Toulouse). Il nous reste donc trois sorties: A Dax, à Béziers, puis à Toulouse. Cela va être un parcours assez difficile. Ce qu'il nous faut, c'est obtenir désormais le plus de bons résultats possible...

Quant au parcours en Coupe d'Europe, disons que les choses ne se présentent pas trop mal. Le seul élément qui nous manque, c'est une victoire à Trévise, qui nous paraît impérative, afin de nous permettre de finir premiers de poule. Pour cela, nous nous sommes fixés une ligne de conduite: Nous ne fèterons pratiquement pas le Nouvel An, puisque nous nous entrainerons le trente-et-un décembre et le premier janvier...Nous aurons juste un petit réveillon trés court, puisque le match étant prévu le cinq janvier, l'entraineur (John Connolly) a fait appel au professionnalisme de tous les joueurs, de sorte que chacun reste bien concentré sur l'objectif à atteindre: Battre Trévise. Il y aura donc des fètes de fin d'année trés trés courtes pour le Stade Francais...

Planète Rugby:
De quelles qualités une équipe doit-elle faire montre afin d'être efficace en Coupe d'Europe ?

Fabrice Landreau:
La première chose, c'est que le fond de jeu doit être bien rodé. Ensuite, le moins possible de joueurs à l'infirmerie. En effet, cette compétition exige un important "turn-over" dans les équipes: Il faut un effectif bien étoffé, car cette compétition a lieu en même temps que le championnat. Et puis, il faut aussi avoir un petit peu de chance en ce qui concerne le tirage au sort...Enfin, c'est une chance un peu provoquée, puisque tout dépend de votre classement à l'issue des matches de poules...Voila pourquoi il faut gagner un maximum de matches: Dans cette compétition, il est essentiel de finir premier de poule. Cela donne l'avantage de jouer le quart de finale à domicile. D'autre part, il faut marquer un maximum d'essais et de points, afin d'avoir un goal average favorable en vue du tirage au sort...Une fois que l'équipe est qualifiée pour les quarts de finale, jouer celui-ci à domicile est un indéniable avantage. Car sur une demi-finale en terrain neutre, même si les équipes de cette compétition sont de trés fort calibre, c'est toujours jouable...

Pour la coupe d'Europe, il faut d'abord avoir un jeu qui soit bien en place, mais aussi un bon état de fraicheur physique et moral. Car je pense que le Stade a perdu en finale l'an passé parce que l'effectif était usé tout au long de l'année, et je pense qu'il a surtout manqué de cet état de fraicheur indispensable pour pouvoir passer le cap de la finale.

Je vois trés bien une équipe comme Montferrand qui fait forte impression dans le top16, par exemple...

Planète Rugby:
Il y a un an et demi, vous avez, par la force des choses, tenu le rôle d'entraineur de votre équipe. Donc vous devez avoir votre opinion sur le rôle de l'entraineur. Monsieur Connolly a participé à la progression de votre équipe jusqu'en finale de la Coupe d'Europe 2001. Quelles vous paraissent être ses principales qualités, en tant qu'homme et en tant qu'entraîneur ?

Fabrice Landreau:
C'est un homme qui est trés calme, qui n'élève jamais la voix. La sagesse: Il prend beaucoup de recul par rapport au terrain. Il connait extrémement bien son métier, explique bien ce qu'il veut, et nous amène tout doucement...Il responsabilise l'équipe, et s'appuie sur les leaders naturels en son sein: Il leur donne des responsabilités. Et c'est le groupe qui arrive peu à peu à monter en pression. Il sait trés bien déléguer. Ce n'est pas du tout un dictateur. Il essaie d'amener son équipe à l'autonomie...

D'autre part, C'est un homme qui a beaucoup d'expérience: Il a quand même entrainé la province australienne du Queensland pendant dix ans, avec des joueurs tels que Ian Jones, Michael Linagh, Tim Horan, Jason Little, qui sont des références dans le rugby mondial.

L'équipe du Stade Francais a pris une autre dimension, avec John Connolly à ses cotés.

Planète Rugby:
Connaissez-vous votre prochain entraineur, Monsieur Nick Malett ? Quelles qualités doivent être celles d'un entraineur du Stade Francais ?

Fabrice Landreau:
Je pense que le choix de Nick Malett est un excellent choix. La première chose, pour une équipe, c'est d'avoir un entraîneur qui soit super compétent, super compétitif. Le cas de Nick Malett est intéressant: Il maîtrise parfaitement le francais. Il connait notre championnat. Mais aussi, il a eû l'occasion d'entrainer des équipes au plus haut niveau, aussi bien en Currie Cup (Ndlr: le championnat d'Afrique du Sud), en provinces, qu'en équipe nationale d'Afrique du Sud. Il a eû à gérer des tournées, des matches internationaux contre les plus grandes nations. C'est donc quelqu'un qui sait maitriser un groupe et "coacher".

Nous perdons John Connolly, mais nous récupérons un grand coach...L'important étant que le club soit toujours parmi l'élite du Rugby, parmi les premiers...

Tout le monde se réjouit de l'arrivée de Nick Malett, puisque c'est quelqu'un de trés compétent qui a fait ses preuves. Il sera tout de suite respecté. Il a approuvé pas mal de choses, ce qui fait que c'est quelqu'un qui va s'investir énormément pour structurer le club, et amener pas mal de joueurs avec lui, pour, justement, batir son projet. Il faut tout de suite aller avec lui et le suivre. Le club ne pourra grandir et gagner que s'il a le soutien de tout le monde...Il faut l'accueillir et travailler trés trés fort avec lui.

Planète Rugby:
En vous projetant dans l'avenir, est-ce qu'une carrière d'entraineur vous plairait ?

Fabrice Landreau:
C'est vrai que je suis plutôt attiré par l'entrainement. J'aime bien ce rapport. J'aime bien mener les hommes, mettre en place les exercices, faire prendre forme à un projet de jeu. C'est vrai que ce sont des choses qui, auparavant, ne m'intéressaient pas forcément, et maintenant, je suis un peu plus attentif à tout celà.

Maintenant, le métier d'entraineur est quelquechose de trés difficile: Il faut être patient, avoir beaucoup d'expérience, et ne pas se lancer à l'aveuglette. Il faut certaines bases, certaines méthodes de travail...apprendre également à connaitre les hommes, ce qui n'est pas évident. C'est vrai que j'essaie de prendre, à chaque fois, le meilleur de chaque entraineur avec qui j'ai pu travailler. Ce sont toujours des hommes qui m'ont beaucoup marqué, et j'ai au moins l'expérience d'avoir rencontré tous ces gars-là...A moi de savoir prendre ce qui est le mieux, de me faire un petit melting pot, et de l'adapter à ma personnalité.

Planète Rugby:
Que pensez-vous du parcours de l'équipe de France lors des tournées 2001, Quels vous paraîssent être les atouts de l'équipe de France à l'approche du tournoi des Six Nations. Quelles vous paraissent être les nations les plus redoutables pour ce tournoi à venir ?

Fabrice Landreau:
Nous sommes tous contents que l'équipe de France ait obtenu de beaux et francs succés, avec les nouvelles têtes qui sont apparues. Un style de jeu plaisant, beaucoup de jeu, une équipe bien en place...

La seconde chance de l'équipe de France, c'est d'avoir un groupe trés étoffé: On a fait appel à sept ou huit nouveaux joueurs. Quand les blessés, tels que Brouzet, Marconnet, ou même Christophe Moni, auront réintégré le groupe, il y aura un choix assez important pour les sélectionneurs. C'est trés important: Ce sont des gens de qualité qui ont prouvé qu'ils étaient capables de battre les meilleures équipes du monde.

Quant aux équipes qui vont nous poser le plus de problèmes...C'est vrai que l'on attend France-Angleterre pour savoir où en est vraiment l'équipe de France face aux champions européens. Car les tournées d'automne, ça marche bien, du fait que les joueurs sont frais, puisque nous sommes en début de saison. Mais à partir du moins de février, on sait bien que les joueurs marquent un peu le pas: la saison est déjà longue, les températures sont fraiches, et il est vrai que, moralement, le mois de février est toujours un peu dûr à passer.

J'attends donc avec impatience le match France-Angleterre, mais aussi le match France-Irlande. Mais je suis confiant, car Bernard Laporte a constitué un excellent staff technique, et il se retrouve avec un bon choix de joueurs. C'est ce qui est important, pour un entraineur: Avoir des joueurs de qualité à sa disposition.

Planète Rugby:
Notre représentant en Italie,
Guido Martin Chimienti, nous a informé que le Stade Francais avait eû en test le prototype de joug hydraulique mis au point par Monsieur Manuel Ferrari. Quel est votre opinion sur cet appareil ?

Fabrice Landreau:
C'est exact. Il s'agit d'un prototype un peu révolutionnaire, assez bas, qui ressemble à une petite tortue: Auparavant, les jougs "classiques" avaient des coussins qui étaient fixes.

La spécificité de cet appareil, c'est que chaque joueur de première ligne s'y retrouve confronté à des poussées individuelles. Le manupulateur de la machine peut mettre plus de pression sur le pilier droit, sur le talonneur ou sur le pilier gauche. Il peut également désaxer la mélée. Cela reflète vraiment bien le travail de l'équipe adverse...

C'est un appareil complètement assymétrique. C'est sur vérins hydrauliques. C'est quelquechose de trés bien, qui encaisse l'impact, et qui le restitue ensuite sous forme de pression, comme si l'équipe adverse mettait la pression. On peut mettre en fonction les vérins, incliner à gauche ou à droite, baisser ou plutôt relever. Au niveau du travail individuel, concernant la musculation ou les appuis, c'est vraiment un travail spécifique et dynamique.

C'est vraiment trés trés bien...Bon, il faudrait peut-être le simplifier au niveau des commandes. A part celà, c'est un bel outil...

En conclusion, j'aimerais renouveler mes voeux auprés du Stade Francais: Que nous soyons les plus proches possible de la Coupe d'Europe, et surtout, qu'on soit, alors, et Champions de France, et Champions d'Europe...C'est un voeu que je forme pour mes camarades, pour mon président, et pour tous les staffs techniques du Stade Francais.
L'année 2001 s'achève peut-être dans la peine, puisque nous n'avons pas eû de titre, mais que 2002 soit l'année des récompenses...

Propos recueillis par téléphone le 17 décembre 2001 à 22h15 par
Philippe MORIN -Planète Rugby

 

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