La perception de la Division 2 Professionnelle, pour un
homme qui était en "Elite 1" l'an dernier:
"Ce que je ressens, c'est que la deuxième division,
qui était "Elite 2" l'année dernière, est
appelée aujourd'hui, par le biais de la ligue, "Deuxième
division professionnelle". L'an dernier, cette
division ne vivait pas sous la responsabilité de la
ligue professionnelle de Rugby.
Ce qui est interessant, aujourd'hui, c'est que l'on
ressent, en Division 2, un resserrement au niveau
des équipes, du fait de cette mise en place alléchante
pour tous les clubs.
Il y a eu, incontestablement, une amélioration au niveau
des structures générales des clubs (Structures
sportives, médicales, recrutement plus affiné), ce qui
fait qu'aujourd'hui, la 2e Div. Pro comprend douze équipes
de bonne valeur. C'est donc un championnat que je
juge interessant. Une poule de 12, avec des
matches aller-retour, les quatre premiers qualifiés
directement pour les demi-finales, avec l'avantage, au
premier et au second de recevoir, c'est quelquechose qui
se tient, du point de vue sportif, et qui parait
interessant.
L'an dernier, la Pro-B était beaucoup plus diluée,
puisqu'il y avait une vingtaine de clubs (deux poules de
dix), et le championnat était moins clair, et de moins
bonne qualité."
Le
resserrement du niveau entre les deux divisions:
"La deuxième division pro, avalisée par la ligue,
est donc représentative d'un championnat qui me parait
interessant et attrayant.
Le niveau de jeu y est moindre, dans la mesure ou il y a,
en première division, 35 joueurs multipliés par 21
clubs, soit au total environ 750 joueurs qui sont déjà
là. Ce qui fait qu'en Division 2, vous avez des joueurs
qui n'ont pas la potientialité, physiquement,
techniquement et tactiquement, qui est celle des joueurs
de première division.
Cela étant, le jeu reste interessant, dés l'instant où
la densité physique est moindre, on trouve des rideaux
defensifs moins rigides, donc il y a un jeu qui parait un
peu plus attrayant, avec des intervalles moins fermés qu'en
première division.
A titre indicatif, notre dernier match Bayonne-Tyrosse,
qui s'est joué devant cinq à six mille personnes (!!!)
a amené un engouement au niveau du jeu, puisqu'il y a eû
28 minutes et 30 secondes de jeu réel. Donc, on se
rapprochait des matches de haut niveau.
De toute façon, cette division 2 pro va être amenée à
évoluer, dans la mesure où je pense qu'il y a
beaucoup de joueurs de la division 1 qui vont se lasser
de faire banquette, et je crois que ces joueurs
vont venir trés vite intégrer le plaisir du jeu, qui va
l'emporter, à un certain moment, sur des avantages
financiers supérieurs...Le Rugby reste un jeu avant tout,
et je pense qu'en D2, on devrait retrouver certains
joueurs issus de la D1, qui ne pourront qu'apporter leur
expérience. La deuxième division professionnelle ne
devrait que s'éméliorer."
L'Aviron
Bayonnais: Renforcement des structures.
"Au niveau de l'Aviron Bayonnais, ma venue a été
engagée par le discours des dirigeants, et j'ai senti qu'au
niveau du club, mon retour pouvait s'inscrire dans une
dynamique sportive qui existait depuis l'an dernier.
Ce qui a guidé mon choix vers l'AB, c'est le souci, du
coté des dirigeants, de bien avancer, de bien structurer,
et j'ai trouvé des structures en pleine évolution, y
compris en ce qui concerne le partenariat.
Aujourd'hui, l'Aviron a quelques partenaires nationaux,
par l'intermédiaire de Monsieur Cacaud, qui est
responsable de Giraudy France. Il y a aussi Toys & 'Rus,
et nous sommes épaulés par "Grand Adour",
"Cérébos" et la ville de Bayonne. J'ai donc
senti qu'il y avait une dynamique de partenariat qui était
importante.
Je crois que là ou nous étions trés en retard, c'est
au niveau des structures sportives, donc, je me suis
attaché, de part l'expérience que je venais de vivre
pendant toute ma carrière d'entraineur, (et surtout
depuis les cinq dernieres années ou le professionnalisme
a commencé à poindre), à apporter l'expérience que j'avais
vécu ailleurs.
Quant aux structures, De quoi s'agit-il ?
Des locaux d'aménagement pour entreposer le matériel,
du matériel de qualité, un local de soin pour le kiné,
et les nouveaux aménagements à "La Floride".
(Ndlr: "La Floride": Terrain d'entrainement de
L'Aviron Bayonnais, désormais doté de batiments neufs,
au bord de la Nive).
La présence de kiné, systématiquement, à chaque
entrainement, la mise en place d'une salle vidéo et de
bureaux, toujours dans le cadre sportif de la Floride,
puisqu'il s'agit là d'une plaine de jeux avec un pôle
vestiaires, et, à coté, un pôle gymnase, bureaux des
entraineurs, salle de musculation, ce qui fait un
complexe professionnel qui ressemble à quelquechose.
Ce qui est important, pour moi, c'est d'apporter
au club, du fait de mon expérience, la mise en place d'un
cadre de fonctionnement. Une fois que ce cadre
est mis en place, on pouvait essayer d'évoluer la-dedans.
On arrive aujourd'hui à des entrainements quotidiens,
avec des récupérations en piscine, dans la même
structure, ce qui fait qu'on s'y retrouve parfaitement.
La Floride étant, en plus, un cadre trés agréable, au
bord de la Nive, avec un chemin de halage de dix
kilometres qui permet de faire des footings, tout cela
compose des structures qui me paraissent importantes.
Il y a également eû un léger aménagement des vieilles
tribunes du Stade "Jean Dauger", et la mise en
place d'un centre VIP ou les partenaires sont recus dans
des repas d'avant match, et dans les réceptions d'aprés-match."
Le
début de saison de L'Aviron:
"On a eu un demarrage un peu tardif, lié, comme
Montferrand, à des évolutions de structures: Arrivée
de nouveaux entraineurs, l'arrivée de nouveaux joueurs,
l'approche différente de l'entrainement, un peu plus
intensifs, tout cela nécéssite une "bonne
digestion".
On a eu deux mois un peu délicats, avec un calendrier
qui était trés défavorable, pour une équipe en phase
d'apprentissage. Pour les six premiers matches, on a eu
quatre matches à l'exterieurs pour deux matches à
domicile, et pour le dernier match à domicile, on
recevait Toulon !
Puis, en septième match, nous avons reçu Montauban.
Nous étions donc imparfaitement prêts, techniquement,
sur ce début de saison pour pouvoir "déloger les
locaux", et enchainer les matches à l'extérieur.
Ca s'est joué sur "pas grand-chose", chaque
fois par manque de discipline, de maitrise, de reussite.
Maitrise technique, surtout.
Il y a eû ce match, fin octobre, contre Montauban, où
il y a eu une sorte de petit déclic, Parce que
Montauban arrivait auréolé d'une invincibilité, et
Montauban, c'était aussi une équipe qui dominait le
championnat. Gagner 46 à 16 à "St Léon" (Ndlr:
Ancien nom du Stade Jean Dauger)., cela a sans doute
aussi marqué les esprits, et ça nous a mis en confiance.
Derrière, nous avons réussi nos matches de "Coupe
de la ligue": Le premier a été un match un peu
galvaudé, car il était important de mettre les joueurs
de repos, aprés sept journées consécutives. Il y a eu
un bon match à Biarritz, par contre, notre "ennemi
héréditaire" (Rires), et un bon match contre Auch
à "Jean Dauger" (Ndlr: victoire 25-12). Là,
les garçons ont pris conscience de leurs possibilités,
et derrière, il y a eû une série de victoires qui est
arrivée, avec des matches à l'extérieur, avec des équipes
qui, c'est certain, étaient des équipes de "bas de
tableau", mais il y a eû victoire quand-même. Et
derby largement mené contre Tyrosse."
Les
perspectives pour le reste de la saison:
"Aujourd'hui, le problême que rencontre L'Aviron se
situe au niveau de la concentration: les garçons ont
besoin de faire beaucoup de progrés en ce sens. Autre nécéssité
de progrés: La constance dans la performance:
Il ne s'agit plus de faire un bon match contre Tyrosse,
puis un match un peu juste contre Montpellier. Autre
progrés possible, la régularité des comportements.
Nous rentrons dans une deuxième phase, aujourd'hui
contre le Racing CF, un match hyper-important
qui nous attend: Il y a beaucoup d'équipes qui sont
venues gagner en début de saison, et ce sont nos
concurrents immédiats: Il ne faut pas perdre de points
par rapport à eux. Le Racing, lui, est en pleine évolution,
il essaie de s'en sortir, parce que c'est un club
prestigieux, plus prestigieux que l'Aviron Bayonnais, et
c'est une équipe qui voudrait éviter de descendre.
On s'attend, aujourd'hui, à un match difficile (ndlr:
match finalement gagné difficilement par Bayonne 23 à
22), car c'est un match de reprise, aprés la période
festive, et on connait le coté festif, chez nous, à
Bayonne (Rires).
On a aussi notre deuxième ligne absente (Christian Priso
et Christophe Sottil), ainsi que notre troisème ligne
centre, Yannick Lamour, bon pourvoyeur de ballons, qui
est blessé, donc, on va voir comment cela va se passer.
Mais on aimerait bien finir cette série,
parce qu'aprés, on reçoit Aubenas et Tarbes, et puis,
on ira faire un "match d'hommes" à
Mayol."
Le
Rugby Espagnol (ndlr:l'Aviron compte quelques
internationaux Espagnols):
"Le Rugby Espagnol est en bonne évolution, comme le
sport, en général, dans ce pays, parce qu'en
Espagne, autour du sport, il y a une vie. Il y a
une culture sportive que l'on ressent fortement (comme
par exemple à travers quelques courses pédestres comme
Béhobie-St Sébastien, où vous avez le passage de
certaines routes qui équivalent au passage de certains
cols du Tour de France). Il y a un engouement.
Le Rugby espagnol vaut surtout, actuellement, par une
structure universitaire. On trouve maintenant du Rugby
dans les grandes Villes, comme Séville, Madrid,
Barcelone.
Evidemment, coté Pays Basque, ce n'est pas mal non plus,
avec de bonnes équipes.
Cela étant, au niveau des résultats, le Rugby Espagnol
est un petit peu en baisse, par rapport à ce qu'il était
il y a une quinzaine d'années. C'est en pleine
structuration. Nous avons aujourd'hui un joueur
qui est absent, Monsieur Oscar Astarloa (Ndlr: 2e ligne
de l'Equipe d'Espagne), parce qu'il prépare la coupe du
Monde de Rugby à 7. C'est toujours un peu le problème,
avec les internationaux.
Le Rugby Espagnol est une affaire à suivre, ca peut
remonter, mais l'impression que j'en ai, c'est que les résultats
sont tout de même moins bons que ce qu'ils étaient il y
a quelques années. Il y avait alors beaucoup plus de
joueurs. C'est un peu moins vrai de nos jours."
Brive:
"L'équipe de Brive a vécu un tournant un petit peu
difficile, dans la mesure où il y a eû beaucoup de départs
pendant l'intersaison (22 joueurs sur 34 sont partis):
Parmi les départs, il y a les departs volontaires, et
les départs "moins volontaires", ce qui est
difficile, pour le club, à gérer.
Aujourd'hui, le Club Briviste se trouve en pleine
reconstruction. Depuis déjà deux ans, il y avait eû un
effort de reconstruction, parce que,
quand j'y suis arrivé, il y a deux ans, il y avait déjà
beaucoup de joueurs qui étaient partis (Penaud, Viars,
etc...). La première année, nous n'avons pas eû les résultats
escomptés, parce que nous avons eû beaucoup de blessés,
notamment derrière, comme Venditti ou Matson. En fin de
saison, des garçons comme Magne et Carbonneau, qui étaient
un peu les "accélerateurs" de l'équipe, nous
ont completement manqué.
Quant à la saison dernière, c'est pour moi, la
saison la plus tronquée, la plus injuste, la moins équitable
que j'ai vécu, en tant qu'entraineur. Le CAB a
été l'une des équipes les plus défavorisées, parce
qu'on a voulu faire démarrer un championnat en pleine
Coupe du Monde (parce que cela arrangeait certains clubs).
Nous avions donc huit joueurs manquants. Ils sont revenus,
au mois de Novembre, avec le besoin bien compréhensible
de récupérer. Nous avons toujours couru aprés les
points, pendant cette saison. Malgré cela, nous jouons
une finale de Coupe de France que nous n'avons pas réussi
à gagner à Biarritz, alors que la première mi-temps,
on avait été vraiment dominateurs, et que le score, à
la mi-temps, ne reflétait pas la domination briviste du
début. C'est en première mi-temps que nous perdons le
match.
Au mois de Juin, au moment des phases cruciales, nous
avons encore des joueurs qui sont partis avec des équipes
étrangères. Nous avons alors perdu toute la première
ligne (Smith et Brotherstone), sans oublier Townsend et
Arbizu. De plus Venditti était blessé. Une
situation ingérable.
Aujourd'hui, Brive se retrouve en situation de
reconstruction, avec, de nouveau, l'intégration de
joueurs étrangers, ce qui n'est pas une chose facile:
problèmes de langue, problemes de vie...
Je souhaite aux Brivistes de réussir le mieux possible
dans leur entreprise. Ils s'étaient mis en situation délicate
en perdant lourdement contre Biarritz, mais le fait (une
surprise, d'ailleurs) d'avoir été gagner à Narbonne,
cela leur a donné un regain d'espoir. Ils vont avoir des
matches difficiles à gerer, à domicile, contre
Montferrand en derby, contre Toulouse, et aussi contre
une équipe comme Aurillac, qui pourrait peut-être se
refaire.
Brive est une équipe en pleine phase de reconstruction.
Des anciens de la Coupe d'Europe (Ndlr:Brive fût
Champion d'Europe 1996), il ne reste plus que le
capitaine, Richard Crespy et "Coco" Eric Alégret,
actuellement blessé."
Pau:
"Il y a eû, comme en 95, lorsque j'étais arrivé,
avec Jean-Louis Luneau (ndlr: actuel entraineur de l'Us
Dax, et ancien joueur de l'Aviron), beaucoup d'ambition
de la part des dirigeants. une osmose, une
dynamique de victoire s'était créé, dans le club, ce
qui fait que les trois années que j'y ai passé étaient
des années fastes, avec de bons résultats. J'en retiens
la première demi-finale jouée contre Brive à Toulouse
d'une part, et d'autre part le Stade Charléty, que je
vais retrouver aujourd'hui (mais moins ennéigé que
quand nous y avons joué la finale de la coupe de France
contre Brive).
La deuxième année fût la plus réussie, puisqu'on
avait gagné la finale de la Coupe de France. La troisième
année était bien, même si nous avons ressenti quelques
fluctuations du fait de la présence massive d'internationaux
(sept internationaux étaient partis à l'inter-saison).
Le meilleur souvenir est d'avoir participé à une demi-finale
de coupe d'Europe face à Bath: Une vraie coupe d'Europe
! Parce que, pour moi, il y a les vraies et les fausses...Les
fausses, c'est quand il n'y a pas les Anglais, parce que
se sont tout de même eux qui ont les meilleures équipes.
Sur la dynamique de l'an dernier, la Section Paloise a
voulu batir de nouveau, parce que, pour tous les clubs de
division 1, cette année s'annoncait comme celle de
"tous les dangers". Des choix ont été faits...Est-ce
que ce sont de bons ou de mauvais choix ?
J'ai l'impression que le cocon familial qui
existait a été un peu brisé, et on est peut-être
passé un peu durement dans le professionnalisme, en se
passant de certains joueurs qui étaient un peu les
"piliers" au niveau de la Section.
Aujourd'hui, de nouveaux joueurs arrivent, et ça a du
mal à demarrer, quoi...La section se trouve aujourd'hui
dans une situation délicate, et, aujourd'hui, ils jouent
contre le Stade français, ce qu'il s'annonce comme un
match difficile, mais qu'ils peuvent gagner, s'ils
ont vraiment envie, car ils en ont les moyens (ndlr:
finalement, la Section à gagné, voir notre page résultats)."
Biarritz:
"Biarritz vit actuellement une trés bonne période,
liée au fait qu'il y a eû une phase de reconstruction
qui s'est faite depuis plusieurs années, et qu'aujourd'hui,
par petites étapes, Biarritz a un effectif, et
surtout un potentiel qui me parait énorme: Je
crois, 35 contrats professionnels en ligue et dix
contrats d'association. C'est donc une équipe qui n'a
pas été "surprise", par les matches en
semaine. Certains n'étaient pas au courant, mais
certains l'étaient (Rires). Biarritz se retrouve aujourd'hui
armé pour faire un bon championnat, et pour pouvoir être
à même de disputer des rencontres tous les trois ou
quatre jours.
Ce qui est important, dans une équipe, (et que je ne
ressent pas, à Brive, c'est dommage et c'est là que ce
n'est pas bon), c'est que, pour avoir une phase
ascendante, il faut que l'ossature reste. C'est
le cas à Biarritz. Aprés, il y a des apports personnels,
des appoints de joueurs chevronnés comme les frères
Lievremont, et des garçons talentueux, comme le centre
Australien Isaac. Tout ça n'apporte que du "Plus",
un peu d'émulation, mais le gros de la troupe étant
restée, les nouveaux arrivent à s'intégrer
parfaitement, sur une base solide."
Propos recueillis par Philippe Morin
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