Les interviews Planète Rugby


"L'Europe sera, la saison prochaine, une priorité"

Olivier ROUMAT

Deuxième ligne au Biarritz Olympique.

Champion de France 2001-2002

Propos recueillis à l'hippodrôme des fleurs, à Biarritz, le 8 août 2002 par
Philippe MORIN - Planète Rugby


 


Originaire des Landes, Olivier Roumat, fût l'objet de nombreuses sélections en équipe de France. Il fût l'un des premiers joueurs à tenter l'aventure du professionnalisme, et fût même l'un des premiers joueurs français expatriés, le temps de conquérir, avec les Coastal Sharks, le titre de champion d'Afrique du sud. Aprés avoir joué en France dans différents clubs, comme l'US Dax et le Stade Francais (avec lequel il fût champion de France en 1998), c'est à Biarritz qu'il vient relancer sa carrière il y a quatre ans, avec, comme aboutissement, la conquète du bouclier de Brennus en 2002.

Un accomplissement pour un joueur qui ne fût pas épargné par les blessures, et qui souhaite désormais accompagner le Biarritz Olympique vers les sommets de l'Europe.


 
Olivier Roumat:

Le bilan de la saison: "Le bilan est bon, puisque le titre de champion de France qui avait été l'objectif ces deux dernière années a été respécté. Il y a deux ans, nous nous étions arrétés en demi-finale. L'objectif de la saison 2001-2002 était d'aller au bout, d'être champions de France. L'ambition de ce club a donc été réalisée. Le seul bémol qu'on puisse émettre à ce sujet est notre non-qualification en coupe d'Europe, puisque c'était la deuxième année que nous y participions, mais nous n'avons pas pu, cette saison, passer la phase des matches de poule. Le petit point négatif est donc la coupe d'Europe, où nous aurions dû nous qualifier compte tenu du potentiel.

Les enseignements de la coupe d'Europe: L'Europe sera, la saison prochaine, une priorité, puisque la dimension européenne nous a énormément servi pour le championnat: Cette maturité, le fait de jouer contre des équipes avec des systèmes de jeu différents, et puis le fait de perdre certains matches, nous ont donné l'occasion de nous remettre en question, suite à ces défaites. On a recadré, aprés la défaite à domicile contre Bath, et au match à Swansea, lors duquel nous n'avons pas été capables de nous imposer. On a vu certaines de nos limites qui nous ont donné l'occasion de travailler, et les fruits se sont portés sur le championnat. Alors, c'est vrai qu'aprés, on n'a plus eû deux lièvres à courir en même temps, mais on a sû, quand-même, tirer les leçons de notre expérience européenne.

Bilan personnel: Pour ma part, cette saison a été un grand bonheur: J'ai toujours été trés ambitieux dans ce que j'ai fait, et quand on est compétiteur, on veut toujours avoir des titres, des honneurs, des sélections. Moi, l'honneur que j'ai eû cette année, c'est de pouvoir disputer la finale du championnat de France, et de la gagner. Etre champion de France est le bonheur suprème dans une carrière de joueur de Rugby, d'autant plus qu'ayant connu toutes les sélections internationales, je peux vraiment comparer. C'est un bonheur suprème que de pouvoir toucher ce Brennus...J'avais déjà été champion de France en 1998, avec le Stade Français. (Ndlr: Olivier Roumat a également été champion d'Afrique du Sud avec les Coastal Sharks).

Les fondements du succés: Je crois que l'ossature de l'équipe du Biarritz Olympique n'a pas beaucoup changé, depuis quatre ans, date à laquelle je l'ai rejointe en provenance du Stade Francais. Il s'agit d'un excellent cocktail entre les jeunes et les moins jeunes, il y a eû un bon amalgame entre les joueurs d'expérience qui ont amené une certaine sérénité, leur vécu et leur bagage technico-physico-tactique de haut niveau: Je pense à Jean-Michel Gonzalez, et à moi, sûrement...

Mais je pense aussi que la plus grande réussite de notre groupe est que ce groupe vit trés bien, qu'il y a une super-ambiance. Dans un rugby professionnel où y il a énormément d'autres aspects qui entrent en jeu, nous sommes, je pense, l'une des seules équipes à avoir eû cette solidarité qui a permis de faire front dans les bons et dans les mauvais moments. Cette équipe est allée cescendo...

Et puis, il y a eu aussi, il faut le souligner, l'apport de joueurs trés importants, comme Thomas Lièvremont, Nicolas Brusque, Joe Roff, ou Jack Isaac: Des joueurs qui nous ont permis de franchir le dernier palier qui différencie une équipe du "ventre mou" d'une grande équipe.

La construction d'un groupe : Je pense que cette équipe est avant tout un groupe de qualité rugbystique au dessus de la moyenne, car on ne peut pas être champions de France sans être performants. On l'a été, et en plus, on avait beaucoup de solidarité, et on était un groupe qui avait envie, avec, en son sein pas mal de joueurs revanchards, il faut le souligner: Des joueurs qui venaient un peu de partout, qui avaient beaucoup de choses à prouver, et dont je faisais partie. On n'a surtout pas regardé en arrière, on a surtout regardé devant, en se disant: "Bon, maintenant, on va essayer de construire quelquechose ensemble, à Biarritz".

Moi, je suis arrivé au club, et on ne se qualifiait pas. L'année d'aprés, on joue en quart de finale du championnat contre le Stade Toulousain, pendant lequel nous perdons en prolongations à Tarbes, et on gagne la coupe de France (Ndlr: contre Brive). A partir de là, on a senti que l'équipe, si elle savait se régénérer, y compris à partir de sang neuf...Je crois que c'est le cocktail qui nous a permis de franchir le dernier cap. Et je crois que la saison passée est la preuve d'une régularité, d'une maturité dont nous avons sû faire la preuve.

La vie professionnelle: En dehors du rugby, j'ai une autre activité professionnelle: Je suis promoteur immobilier, donc, je monte des projets immobiliers qui me rappellent beaucoup ma profession de géomètre-expert, puisque je suis ingénieur-géomètre, à la base. J'ai arrété d'exercer cette profession en 1997, date à laquelle j'ai rejoint le Stade Français. Donc, cette activité de promoteur immobilier me laisse pas mal de temps libre pour le rugby, et sans ces deux activités, je ne pourrais pas vivre, parce que ne faire que du rugby me paraît trés difficile: J'ai vécu la situation à Paris pendant un an, et j'étais trés heureux de revenir dans ma région, de retrouver une activité "normale", c'est à dire semi-professionnelle, semi-rugbystique, même si je suis professionnel à Biarritz: Je fais tous les entraînements et je récupère comme il se doit, mais j'ai aussi une activité professionnelle qui me permet d'avoir un équilibre intellectuel, et j'ai besoin de cela.

Les valeurs du rugby: Le rugby est un magnifique sport, qui véhicule des valeurs qui nous servent dans la vie de tous les jours: Ca forge un caractère, ca forge une personnalité, et il y a aussi un coté trés important, qui est ce besoin de sans-cesse retrouver l'humilité sans laquelle l'on ne peut pas avancer. Cela fût d'ailleurs notre force, ici, à Biarritz, ce qui nous a permis de passer certains écueils.

Mais le rugby est aussi un sport trés difficile, car il devient de plus en plus dûr, sur le plan physique, et il ne laisse malheureusement pas de chance (je parle du Rugby professionnel), à des jeunes gens de faire à la fois des études de haut niveau et du rugby de haut niveau. C'est un peu le bémol que j'émettrais quant à la pratique du rugby de haut niveau. Par ailleurs, le rugby de club, le rugby amateur est trés important, et si l'on veut, on peut avoir un travail et jouer au rugby par ailleurs, quand-même. Mais il me semble important de distinguer là le rugby amateur et le rugby profesionnel: Ca n'a rien à voir.

Le rugby en Ile de France: J'ai joué en Ile de France. Le rugby, en Ile de France, ce sont énormément de clubs, énormément de licenciés. Même si le rugby est connu pour être pratiqué en dessous de la ligne Bordeaux-Toulouse, en passant par Béziers et Narbonne, L'Ile de France est tout de même une région rugbystique. Mais par contre, elle n'est pas trés suivie médiatiquement, tandis que dans le sud-ouest, le rugby reste le sport-phare.

Je dirais que l'Ile de France est un gros vivier pour la détection, pour les jeunes, pour les équipes juniors, et c'est excellent pour des clubs comme le Stade Francais, qui ont bénéficié de ça, et sont à l'origine de centres de formation pour essayer de récupérer les meilleurs jeunes sans forcément aller les chercher au loin. C'est la différence avec ici, où dés qu'un garçon veut jouer au rugby, il sera forcément pris dans un club tellement les mailles du filet sont étroites: Entre Tyrosse, Mont de Marsan, Dax, Pau, Bayonne et Biarritz, il n'y a qu'une quarantaine de kilomètres. C'est trés facile de repérer un bon joueur, tandis que la région Ile de France est immense. Le vivier y est trés important. A mon avis, c'est une région d'avenir."

Propos recueillis à l'hippodrôme des fleurs, à Biarritz, le 8août 2002 par Philippe MORIN
Planète Rugby 2002


 

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