Les interviews Planète Rugby


"On a du mal à retrouver cette fraicheur qui faisait que les joueurs arrivaient à se surpasser"

Frédéric Uthurry
Né à Paris le 6 mars 1963

Entraîneur du Stade Rochelais


Propos recueillis par téléphone le 28 Avril 2002 par
Philippe MORIN -Planète Rugby


 


Né à Paris le 6 mars 1963, Frédéric Uthurry fût formé au CSM Clamart. Il jouera ensuite à La Rochelle , où il fera la connaîssance du rugby charentais et de Jean-Pierre Elissalde. Il fût ensuite joueur au Biarritz Olympique puis à l'Aviron Bayonnais. Revenu ensuite en région parisienne, il sera joueur, puis entraîneur-joueur à Bobigny (Nationale 2).

Pour revenir il y a trois ans à La Rochelle afin de co-entrainer le Stade Rochelais, aux cotés de Jean-Pierre Elissalde.
Le retrait volontaire de ce dernier du poste d'entraineur le 15 février dernier amène Frédéric Uthurry à entrainer le club charentais, actuellement en position de reléguable, avec à ses cotés l'ancien deuxième ligne du stade, le sud-africain Ronald White.


 
Au sujet de la saison du Stade Rochelais:

Frédéric Uthurry: La saison est difficile, puisque nous bataillons sur le plan du maintien. Nous savions que ce serait dûr, que ce serait difficile par rapport à la fin de la saison dernière et au recrutement que nous avions fait à l'inter-saison. Nous savions donc que ce serait dûr. Mais c'est vraiment quand on est confronté au problème, qu'on se rend compte qu'il y a des problèmes à gérer, et qu'il y a des choses qui nuisent à la sérénité.

Cette année, nous en sommes un peu là, au Stade Rochelais. Les problèmes, nous pouvions les prévoir, mais nous avons du mal à les appréhender le plus sereinement possible. Il y a de plus en plus de blessés: Le rugby laisse des traces au niveau des joueurs. Nous savions que nous serions un peu juste du point de vue de l'effectif: les petits clubs comme nous ressentent doublement les blessés, notamment aux postes importants.

La transition au poste d'entraineur s'est faite en douceur: C'est la troisième année que je travaille avec ce groupe et avec Jean-Pierre Elissalde, qui était l'entraineur "chef", responsable et "emblématique". Donc, ça s'est fait assez en douceur, avec un autre entraineur qui, depuis trois ou quatre mois, travaillait déjà avec nous: Ronald White, qui s'occupe précisément des avants. Il entraînait l'équipe B l'an dernier. La transition s'est donc faite en douceur, mais ce fût tout de même un moment important de la saison: Jean-Pierre Elissalde est quand-même un grand entraîneur, une grande personnalité du club. L'annonce de son arrêt a un peu surpris tout le monde, moi le premier. Il a donc fallu se réorganiser rapidement. Je crois avoir des méthodes assez différentes. Les joueurs ont bien réagi et se sont bien adaptés.

Castres, notre prochain adversaire, à l'image de la saison, manque des automatismes, de la fraicheur, de l'âme qui font que les joueurs arrivent à se transcender.

Les joueurs de la Rochelle sont un groupe qui se connait. Cela fait la troisième saison qu'ils jouent ensemble, pour la plupart d'entre eux. Je pense que cela peut être une force. Retrouver une équipe, une âme...Je crois que le club est assez fort, pour cela: Arriver à ce que des joueurs venus de l'extérieur arrivent à se trouver bien dans ce club, dans cette ville. Ce fût là l'une de nos forces, ces dernières années: Intégrer les nouveaux avec les joueurs de La Rochelle. On avait une équipe performante au niveau de la solidarité, au niveau de l'esprit d'équipe, et de toutes ces valeurs indispensables dans le rugby.

Le fait d'avoir travaillé trois ans avec ce groupe, et notamment avec des joueurs qui étaient, pour certains d'entre eux, remis en question dans d'autres clubs, ou qui arrivaient à un certain âge...

Maintenant, c'est un peu le problême: On a des joueurs qui ont du mal. Qui ont du mal à faire à nouveau une saison difficile, à remettre l'ouvrage sur le métier. On a donc des joueurs qui sont un peu usés, qui sont fatigués, qui n'arrivent plus à donner tout ce qu'ils ont donné ces deux dernières années. C'est peut-être leur limite en tant que joueurs. Sans doute est-ce ce dont nous souffrons cette année.

On a du mal à retrouver cette fraicheur qui faisait que les joueurs arrivaient à se surpasser. Des joueurs de qualité, mais pas forcément de trés grande qualité, mais qui arrivaient à maintenir le club dans le haut niveau malgré le resserrement de l'élite.

Nous sommes en effet passés de vingt-quatre à vingt-et-un clubs, puis maintenant à seize clubs, et à chaque fois, pour nous, c'est comme si nous étions montés à chaque fois...

Et cette année, c'est vrai que nous avons beaucoup de mal, et cela ne sera peut-être pas suffisant pour arriver à se maintenir.

Et puis, il faut se renouveller. Pour cela, il faut changer de joueurs, arriver à rajouter de la masse salariale. Pour être en haut de l'élite, il faut le recrutement nécéssaire.

Au sujet du rugby francilien:

Frédéric Uthurry: J'ai été formé jusqu'à dix-huit ans à Clamart. Puis, je suis parti en province, et j'y ai joué pendant dix ans: A La Rochelle, puis un an à Biarritz et cinq ans à l'Aviron Bayonnais pendant cinq ans. Je suis alors revenu à Paris, pour des raisons familiales. J'y ai plutôt connu le coté joueur-entraineur, notamment à Bobigny où j'ai passé quand-même cinq ou six ans.

J'y ai retrouvé ce rugby parisien où l'on retrouve des joueurs avec une certaine fraicheur. Dans le rugby, à Paris, les gars travaillent, avec les contraintes qu'on y connait, notamment les temps de transport. Et puis, plein de gars du sud montés à Paris pour travailler. Cette envie, ce plaisir de retrouver un peu le petit club house bien sympa où les joueurs sont contents de se retrouver aprés d'entrainement. Je parle de ce que je connais, c'est à dire de Bobigny.

Aprés, je suppose que le rugby d'élite, comme par exemple au Stade Francais, c'est une autre approche. Mais le rugby en deuxième division, comme je l'ai connu avec Bobigny, c'était beaucoup de plaisir, beaucoup de fraicheur. Des exigeances rugbystique, bien sûr, mais aussi beaucoup de moments conviviaux. Avec également moins de pression qu'en province. C'est quelquechose que l'on apprécie, quand on est à Paris. Un bon souvenir, en tout cas...

Propos recueillis par téléphone le 28 Avril 2002 par Philippe MORIN -Planète Rugby


 

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