Les portraits Planète Rugby

Alfred ROQUES


par Astrid - Planete Rugby 2003.


 
Alfred Roques est né le 17 février 1925 dans un petit village du Quercy, Cazes-Mondenard. Fils d'agriculteurs, il aidait souvent aux travaux de la ferme, jusqu'au jour où ...

C'est à l'âge de onze ans qu'Alfred commença à jouer ... au football. Durant des années, il sera le pivot du 11 local, satisfait de la réputation que lui valait son coup de botte, qui envoyait le ballon se promener à 100 mètres. Le reste du temps, les travaux de la ferme suffisaient à sa joie physique.

A 20 ans, il était capable de faire plier les jarrets à une paire de boeufs à l'attelage. A 25 ans, le médecin du village fut désespéré en le voyant se glisser sous une batteuse à quatre pattes, s'arc-bouter et la maintenir soulevée au-dessus du sol, le temps d'y poser des cales. Le médecin n'y tenant plus, lui ordonna sur le champ d'arrêter le foot et de partir jouer au rugby à Moissac.

Dès les premiers temps, au vu de sa carrure, on le plaça en première ligne, celle de la mêlée, celle des grands chocs. Et cet homme qui n'avait jamais joué au rugby, qui n'en connaissait aucune des ficelles, ne mordit pas une seule fois la poussière. Jusqu'en 1954, tout le jeu tourna autour de lui. Cahors se trouvait à manquer de piliers et vint le chercher. Alfred devint alors la bête noire de tous les trappus, les coriaces, les "tignons", les vicieux, tous ceux qui avaient l'oreille épaisse, le crâne dur et les reins solides.

Par la suite, il envoya bouler sur le gazon lotois des joueurs tels que Guinle, Barthe, les frères Prat, et toute la cavalerie du F.C Lourdes. C'est à la suite de cela qu'il fut reconnu digne de la sélection nationale, et il ne fut pas prêt de la quitter, puisqu'il fut sélectionné, du 9 mars 1958 au 12 janvier 1963 pas moins de 30 fois en équipe de France !

Cependant, à 36 ans il pensa arrêter, par peur du ridicule, par peur d'être trop vieux. Le médecin du club le fit vite changer d'avis, convaincu par ses performances extraordinaires. En effet, avec son physique impressionnant de 1m78 pour 98 kgs, et avec son démarrage foudroyant en course (sur 50 mètres, il égalait le score des meilleurs sprinters du moment), personne ne pouvait l'arrêter !

A 36 ans, il avait la vitalité et la jeunesse physiologique d'un jeune de vingt ans ! Pour se mettre en forme le matin d'un match important, il partait ... retourner un champ entier ! Jamais personne n'a entendu Alfred Roques se plaindre. Il n'a jamais eu ni entorse, ni blessure, sauf une fois, à Naples. On lui doit également cette phrase en réponse à un journaliste qui un jour lui avait demandé ce que le rugby lui avait donné : "Moi, je conduis la benne à ordures à Cahors et grâce au rugby on m’a mis un smoking et j’ai serré la main de la Reine d’Angleterre".

Il mettra un terme à sa carrière internationale, à presque 38 ans, le 12 janvier 1963 face à l'Ecosse dans le tournoi des V nations.

Cet homme des terres du Quercy, de la terre et des vignes, aura bien mérité son surnom "d'homme tranquille" , et il restera à jamais un des meilleurs piliers de tous les temps.
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par Astrid
Planète Rugby 2003